L’Italie et l’Irlande viennent de faire un pas radical en retirant l’application chinoise DeepSeek des plateformes de téléchargement. Cette décision intervient dans un contexte où DeepSeek, une startup chinoise à peine âgée d’un an, a réussi à bouleverser le paysage de l’intelligence artificielle (IA) mondiale.
L’Italie interdit DeepSeek, mais la Chine a tiré les leçons de l’affaire TikTok
Publié par Jean-Paul Pougala le Vendredi 31 janvier 2025 sur pougala.net
L’Italie et l’Irlande bannissent DeepSeek : une décision radicale
L’Italie et l’Irlande viennent de franchir un cap en retirant l’application chinoise DeepSeek des plateformes de téléchargement. Cette décision intervient dans un contexte où DeepSeek, une startup chinoise à peine âgée d’un an, a réussi à bouleverser le paysage mondial de l’intelligence artificielle (IA).
DeepSeek, le petit poucet qui défie les géants de la tech
Le lundi 27 janvier 2025 restera une date marquante dans l’histoire de la tech : DeepSeek est devenue la première startup à faire perdre 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière aux géants américains. Son secret ? Un modèle d’intelligence artificielle développé avec seulement 5,6 millions de dollars, là où ses concurrents américains avaient dépensé près d’un milliard.
Mais l’innovation de DeepSeek ne s’arrête pas là. En rendant son application gratuite et open source, la startup a offert un accès libre à ses codes sources, permettant à des milliers de développeurs et d’entreprises de s’approprier sa technologie. Une stratégie audacieuse qui a déclenché une véritable révolution dans le domaine de l’IA.
La panique gagne l’Occident
Face à cette ascension fulgurante, les États-Unis et leurs alliés, dont l’Italie et l’Irlande, ont réagi avec précipitation. L’Italie a justifié son interdiction en invoquant le non-respect de sa législation sur la collecte des données. Cependant, cette décision semble davantage motivée par des enjeux géopolitiques que par des préoccupations techniques.
La Chine a tiré les leçons de TikTok
Contrairement à TikTok, qui s’était enregistré comme une entreprise américaine et s’était ainsi exposé aux pressions politiques et juridiques des États-Unis, DeepSeek a adopté une stratégie bien plus robuste. La Chine a tiré les leçons des déboires de TikTok et a mis en place des mesures pour protéger ses entreprises technologiques.
Aujourd’hui, en Chine, toute nouvelle entreprise doit intégrer le nom de la ville où elle est implantée dans sa dénomination sociale. Ainsi, DeepSeek ne s’appelle pas simplement “DeepSeek Artificial Intelligence”, mais “Hangzhou DeepSeek Artificial Intelligence” pour son siège à Hangzhou, et “Beijing DeepSeek Artificial Intelligence” pour sa succursale à Pékin.


Une réponse cinglante à l’Italie
Lorsque les autorités italiennes ont demandé des comptes à DeepSeek, la réponse de la startup chinoise a été sans appel :
“Ni Hangzhou DeepSeek Artificial Intelligence, ni Beijing DeepSeek Artificial Intelligence ne sont enregistrées en Italie. Par conséquent, elles ne sont pas soumises aux lois italiennes et n’ont aucune réponse à apporter aux questions posées. La preuve ? Ce sont les utilisateurs italiens qui ont choisi de se connecter à des serveurs basés en République populaire de Chine pour télécharger l’application.”
Cette fin de non-recevoir illustre parfaitement la nouvelle stratégie chinoise : les entreprises chinoises n’ont plus besoin de s’implanter physiquement dans un pays pour y opérer. Cette approche, inspirée des pratiques des entreprises publiques chinoises, marque une rupture avec le modèle traditionnel des multinationales.
Un nouveau modèle d’entreprise internationale
En intégrant le nom de la ville dans la dénomination sociale des entreprises, la Chine inaugure un nouveau modèle d’entreprise internationale, basé sur la régionalisation plutôt que sur la mondialisation. Cette pratique, qui peut sembler anodine, est en réalité profondément ancrée dans l’idéologie communiste chinoise.
Lors du XXe Congrès du Parti communiste chinois en 2022, le président a rappelé l’importance des fondamentaux du communisme, notamment la prospérité partagée et la responsabilité sociale des entreprises. En ajoutant le nom de la ville à celui de l’entreprise, la Chine rappelle que chaque entreprise fait partie intégrante de la communauté nationale et doit contribuer au bien-être collectif.
Une leçon pour l’Occident
L’exemple de DeepSeek montre que la Chine a su tirer les leçons de ses expériences passées, comme celle de TikTok, pour renforcer la résilience de ses entreprises. Alors que les États-Unis et leurs alliés tentent de maintenir leur domination technologique, la Chine propose un modèle alternatif, fondé sur l’innovation, la régionalisation et une vision communautaire de l’économie.
Les inégalités sociales profondes aux États-Unis rappellent que la richesse, sans vision collective, ne profite qu’à une minorité. La Chine, en revanche, cherche à construire un modèle où la prospérité est partagée, et où les entreprises sont au service de la société.
Conclusion : DeepSeek, symbole d’un nouvel ordre mondial
DeepSeek n’a pas fini de secouer les certitudes de l’Occident. Alors que les États-Unis et leurs alliés croyaient encore dominer le monde de la tech, la Chine montre qu’un nouveau modèle est possible. Ce réveil risque d’être douloureux pour beaucoup, mais il ouvre aussi la voie à une réflexion profonde sur l’avenir de la mondialisation et de la technologie.
Dans un prochain article, j’aborderai la théorie du nouveau réalisme en politique internationale, pour mieux comprendre les enjeux de cette nouvelle ère.