Thami Kabbaj, analyste financier reconnu pour ses webinars décryptant les marchés avec rigueur scientifique, offre une approche pédagogique du trading, loin des spéculations hasardeuses. Inspiré par sa conférence « La Chine va-t-elle pulvériser les États-Unis ? Ce que les médias vous cachent ! » (14 févr. 2025), cet article adopte un format d’interview fictif pour restituer son analyse stratégique. Bien qu’aucun échange direct n’ait eu lieu, toutes les réponses proviennent de ses données sourcées et de ses observations publiques. L’objectif ? Explorer la stratégie automobile chinoise et démontrer pourquoi les mesures douanières américaines, conçues pour protéger Tesla, pourraient renforcer BYD. Contrairement à son rival américain, dépendant du marché international, le constructeur chinois s’appuie sur un écosystème domestique ultra-dominant (73 % de ses ventes). Un exercice de vulgarisation que je compte réitérer pour éclairer les enjeux économiques méconnus.

Interview de Thami Kabbaj , un cours d’analyse fondamentale pour comprendre l’essor de l’économie chinoise

Patrice Nzianse (Hi‑LABZ InQubatorz) : Bonjour Thami , aujourd’hui, avec toi nous abordons un thème d’actualité brûlant et complexe : la Chine est-elle en train d’écraser les États-Unis ? Certains avancent même qu’Elon Musk se fait humilier par le « rouleau compresseur chinois », représenté notamment par BYD. Il y a dix ans, lorsqu’une journaliste évoquait BYD comme concurrent potentiel, Elon Musk se moquait ouvertement en affirmant qu’ils étaient ridicules et voués à disparaître. Qu’en est-il aujourd’hui, Thami ?

Thami Kabbaj : Bonjour Patrice, merci pour l’invitation. Effectivement, il y a dix ans, Elon Musk se moquait de BYD, minimisant leur présence dans le secteur des véhicules électriques. Aujourd’hui, la situation est radicalement différente. En 2024, BYD a vendu environ 1,5 million de véhicules électriques, soit trois fois plus que Tesla, qui se situe autour de 500 000 unités. Fait surprenant, malgré cette différence de volumes, le chiffre d’affaires global des deux entreprises est presque équivalent. Cela s’explique par la politique tarifaire : les véhicules BYD sont beaucoup moins chers, ce qui leur permet d’atteindre un public plus large. De plus, 70 % des ventes de BYD se réalisent en Chine, un marché domestique gigantesque en pleine expansion, alors que Tesla dépend en grande partie du marché américain, tout en vendant aussi en Chine.

Patrice Nzianse : On voit donc que le succès de BYD s’inscrit dans une dynamique plus globale où la Chine semble gagner du terrain face aux États-Unis. Pourtant, il y a quelques années, Donald Trump avait instauré des droits de douane pour freiner cette montée en puissance. Pourquoi ces mesures protectionnistes n’ont-elles pas eu l’effet escompté ?

Thami Kabbaj : C’est une excellente question. Les politiques protectionnistes initiées par Trump, et poursuivies par Biden, visaient à ralentir le développement des entreprises chinoises en imposant des droits de douane et des restrictions technologiques. Pourtant, ces mesures n’ont pas arrêté la progression. Au contraire, elles ont stimulé une innovation locale. Prenez l’exemple de Huawei : malgré les sanctions américaines, Huawei a continué d’investir massivement en R&D et reste leader dans les technologies 5G. De même, des entreprises comme Didi, puis Alibaba avec son modèle d’intelligence artificielle «GWEN 2.5 » — qui semble aujourd’hui surpasser certains concurrents occidentaux, y compris OpenAI — démontrent que la Chine a su transformer les contraintes en opportunités.

Patrice Nzianse : Passons maintenant au secteur automobile. Pensez-vous que BYD est en train de détrôner Tesla à l’échelle mondiale ? Quelles sont les données chiffrées et les éléments fondamentaux qui illustrent ce phénomène ?

Thami Kabbaj : Absolument. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : BYD a vendu trois fois plus de véhicules que Tesla en 2024, tout en réalisant un chiffre d’affaires similaire, car ses véhicules sont commercialisés à des prix bien plus compétitifs. Cela signifie que BYD domine non seulement en volume, mais dispose aussi d’un potentiel de croissance énorme, notamment grâce à son marché domestique, où 73 % de ses ventes se font en Chine. À l’inverse, Tesla, bien qu’elle soit perçue comme un symbole de l’innovation américaine et qu’elle investisse massivement dans la robotisation et l’automatisation, dépend davantage d’un marché international plus fragmenté. De plus, Tesla se fournit également en composants en Chine, créant une dépendance qui peut être problématique dans le contexte géopolitique actuel.

Patrice Nzianse : Intéressant. Vous abordez également la valorisation boursière. Aujourd’hui, Tesla est valorisée à environ 1 162 milliards de dollars contre environ 130 milliards pour BYD. Pouvez-vous nous expliquer cette différence, notamment à travers les ratios financiers ?

Thami Kabbaj : Bien sûr. La capitalisation boursière, calculée en multipliant le cours de l’action par le nombre d’actions en circulation, reflète l’optimisme du marché. Tesla se vend environ 9 fois plus cher que BYD. Un des indicateurs clés est le ratio Price-to-Earnings (PE). Actuellement, le PE de Tesla est d’environ 188, ce qui signifie que le marché paie 188 fois ses bénéfices annuels, misant sur une croissance future spectaculaire grâce à des innovations comme la robotisation, les robo-taxis et les batteries de nouvelle génération. À l’inverse, BYD affiche un PE beaucoup plus raisonnable, souvent autour de 22 à 40, ce qui correspond à une valorisation plus traditionnelle d’une entreprise industrielle mature.

De même, le ratio Price-to-Sales (PS) de Tesla se situe autour de 14,5, soit 14,5 fois son chiffre d’affaires annuel, tandis que celui de BYD est d’environ 1,14 sur une base trimestrielle (ce qui se rapproche de 0,95 annuellement). Ces ratios indiquent clairement que Tesla est surévaluée par rapport à ses fondamentaux actuels. Le marché anticipe une innovation disruptive, mais si ces innovations ne se matérialisent pas rapidement, la valorisation de Tesla pourrait être revue à la baisse.

Patrice Nzianse : Vous évoquez également l’évolution du chiffre d’affaires et du bénéfice net de Tesla par rapport à BYD. Pouvez-vous détailler ces évolutions et expliquer ce qu’elles révèlent sur leur santé financière respective ?

Thami Kabbaj : Avec plaisir. Pour Tesla, le chiffre d’affaires en 2024 est d’environ 97 milliards de dollars, soit une hausse marginale de seulement 1 % par rapport à 2023, ce qui indique une croissance stagnante. En parallèle, le bénéfice net de Tesla a chuté de 52 % en passant de 15 milliards de dollars en 2023 à environ 7 milliards de dollars en 2024. Cette baisse s’explique par une guerre des prix intense et des investissements massifs en R&D, qui ont fait peser sur la rentabilité.

En revanche, BYD présente une dynamique très différente. Son chiffre d’affaires a augmenté de 25 % en 2023, atteignant environ 93 milliards de dollars, et son bénéfice net a grimpé de 72 % pour atteindre environ 5,7 milliards de dollars. Ces résultats démontrent non seulement une croissance robuste, mais aussi l’efficacité de son intégration verticale, qui lui permet de contrôler ses coûts (production de batteries, semi-conducteurs, etc.) et d’améliorer ses marges, qui s’élèvent à environ 23 %.

Patrice Nzianse : Passons maintenant à la comparaison régionale. Comment se répartissent les ventes de Tesla et de BYD à l’échelle mondiale, et qu’est-ce que cela nous apprend sur leur positionnement ?

Thami Kabbaj : Les différences sont frappantes. Tesla réalise environ 50 % de ses ventes aux États-Unis, environ 21 % en Chine, et les 30 % restants dans le reste du monde (Europe, Asie, Afrique). En revanche, BYD concentre environ 73 % de ses ventes en Chine, avec seulement 26 % pour le reste du monde. Cela signifie que BYD a une base de clientèle extrêmement solide sur son marché domestique, ce qui lui offre une stabilité et un potentiel de croissance énorme sans dépendre autant des marchés internationaux. À l’inverse, Tesla, bien que présente sur plusieurs marchés, est plus vulnérable aux fluctuations et aux tensions géopolitiques internationales.

Patrice Nzianse : D’autres entreprises comme Apple et Nvidia semblent également ressentir la pression des marchés internationaux et des politiques protectionnistes. Comment ces dynamiques se comparent-elles à celles de Tesla et BYD ?

Thami Kabbaj : C’est un point très pertinent. Prenons Apple par exemple : environ 17 % de ses ventes proviennent de la Chine, 36 %des États-Unis et 25 % de l’Europe. Si les marchés internationaux ferment leurs frontières, Apple, tout comme Tesla, pourrait être sévèrement impactée. En revanche, la stratégie de BYD, qui se focalise sur son marché intérieur chinois, lui confère une indépendance appréciable.

Nvidia, quant à elle, réalise environ 16-17 % de ses ventes en Chine, avec une forte présence aux États-Unis et dans d’autres régions. Ces chiffres montrent que les entreprises américaines, même les plus puissantes, dépendent fortement des marchés internationaux, ce qui n’est pas le cas de BYD qui tire parti d’un marché domestique colossal.

Patrice Nzianse : Il semble donc que, sur le plan fondamental, BYD offre un potentiel plus sûr et réaliste que Tesla, dont la valorisation repose sur des promesses d’innovation. Mais Tesla, avec son image de marque et ses projets ambitieux, reste une force à ne pas sous-estimer. Qu’en pensez-vous ?

Thami Kabbaj : Exactement. Tesla est un pari sur l’avenir, soutenu par l’influence d’Elon Musk, le prestige américain et un fort engouement médiatique. Les ETF, par exemple, contribuent à faire grimper le cours de Tesla de manière parfois déconnectée de ses fondamentaux. On constate que malgré une baisse significative – le cours a chuté à environ 500 dollars à un moment donné – Tesla reste dans le positif sur le long terme grâce à l’effet de levier de son image et de ses projets technologiques, comme la robotisation.

En revanche, BYD est une entreprise qui, avec des résultats solides et une croissance impressionnante sur son marché domestique, se positionne comme un leader incontesté dans son segment. La différence de valorisation est frappante : Tesla se vend à près de 1 100 milliards de dollars en bourse, alors que BYD est à environ 130 milliards. Si on regarde le ratio PE, Tesla se vend 188 fois ses bénéfices annuels, ce qui est exorbitant, contre environ 22 fois pour BYD. De plus, le ratio PS de Tesla est de 14,5 contre environ 1,14 pour BYD. Ces ratios montrent clairement que, sur une base purement financière, BYD est nettement moins surévaluée.

Patrice Nzianse : Pour résumer, quels enseignements clés tirez-vous de cette analyse fondamentale et technique entre Tesla et BYD ?

Thami Kabbaj : En résumé, il faut savoir distinguer la valorisation spéculative d’un espoir technologique d’un modèle économique robuste. Tesla, malgré son prestige et ses ambitions en robotisation, affiche une croissance du chiffre d’affaires quasi stagnante (+1 %) et une baisse significative de son bénéfice net (-52 % récemment). Cela signifie que, si ses innovations ne se concrétisent pas à court terme, sa valorisation pourrait être remise en question.

De son côté, BYD, qui vend trois fois plus de véhicules que Tesla et affiche une croissance du chiffre d’affaires de +25 % ainsi qu’une progression de son bénéfice net de +72 %, démontre un potentiel fondamental solide. La concentration de 73 % de ses ventes en Chine lui offre également une stabilité que Tesla, plus dépendante des marchés internationaux, ne possède pas.

En fin de compte, le marché semble attribuer à Tesla un effet premium, probablement dû au rêve américain et à la force de son marketing, notamment via l’influence d’Elon Musk. Mais si l’on se base uniquement sur les chiffres, la logique nous pousserait à miser sur BYD. Bien entendu, il y aura toujours des variables imprévues, comme des innovations disruptives – par exemple dans la robotisation – qui pourraient remettre en cause cette analyse.

Patrice Nzianse : Merci pour cette analyse exhaustive et technique, Thami. Vous avez abordé les aspects économiques, boursiers, et même géopolitiques avec une grande précision, en nous expliquant notamment les implications des ratios PE et PS, la croissance du chiffre d’affaires, et l’importance du marché chinois pour BYD. Avant de conclure, avez-vous un dernier message à adresser aux investisseurs et aux passionnés d’économie ?

Thami Kabbaj : Oui, absolument. Mon message principal est de rester vigilant face aux narratifs simplistes. Il est crucial de se baser sur les chiffres et d’analyser les fondamentaux. La valorisation de Tesla repose sur des espoirs futurs, alors que BYD montre des résultats tangibles et une croissance impressionnante. Cela ne signifie pas qu’il faut abandonner Tesla, mais il est important de comprendre que la Bourse peut parfois être déconnectée des réalités économiques. Prenez le temps de vous former, de comprendre les mécanismes financiers et de ne pas vous laisser emporter par l’effet de levier médiatique ou les mouvements de marché des ETF. La Chine, avec sa capacité d’innovation et sa stratégie d’intégration verticale, est en passe de redéfinir les règles du jeu mondial, et cela se reflète aujourd’hui dans des secteurs aussi divers que l’automobile, l’IA, et même la robotisation.

Patrice Nzianse : Merci infiniment, Thami, pour ce panorama complet et technique. C’est un véritable cours d’analyse fondamentale qui permettra à nos auditeurs de mieux comprendre les enjeux actuels entre Tesla et BYD, ainsi que la dynamique globale entre la Chine et les États-Unis. Nous vous remercions également pour les précisions apportées sur les indicateurs financiers et les perspectives de marché.

Thami Kabbaj : Merci Patrice. C’est toujours un plaisir d’échanger sur ces sujets cruciaux. N’oubliez pas, l’avenir se construit sur une analyse rigoureuse et une compréhension profonde des données. À tous ceux qui nous écoutent, formez-vous, posez-vous les bonnes questions et, surtout, faites vos propres analyses.

Patrice Nzianse : Encore merci, Thami, et à bientôt pour un nouvel échange passionnant.

Sources : Rapports Bloomberg, Reuters, données Q2-Q4 2023/2024, interventions précédentes de Thami Kabbaj sur ses plateformes (YouTube, Telegram).

Message de Thami Kabbaj

“Les mesures protectionnistes américaines pourraient accélérer l’autonomie industrielle chinoise, renforçant des acteurs comme BYD. Tesla, en revanche, doit innover pour justifier sa valorisation actuelle.”

Synthèse : Tesla vs BYD – L’analyse de Thami Kabbaj

Tableau Comparatif Clé

IndicateurTeslaBYD
Capitalisation boursière1 100 milliards USD130 milliards USD
P/E Ratio20022
P/S Ratio14,51,14
Croissance CA (2023-2024)+1 %+25 %
Bénéfice Net (2024)7 milliards USD (-52 %)5,7 milliards USD (+72 %)
Ventes 2024 (véhicules)500 0001,5 million
Part de marché en Chine21 %73 %

Graphique 1 : Répartition Géographique des Ventes

BYD domine son marché domestique, Tesla dépend davantage des ventes internationales.

Graphique 2 : Croissance du Chiffre d’Affaires (2023-2024)

BYD affiche une croissance 25 fois supérieure à celle de Tesla.

Analyse Stratégique

1. Tesla : L’Innovation vs la Réalité

  • Forces :
    • Leadership technologique (IA, robotique, batteries).
    • Image de marque et prestige (Elon Musk).
    • Inclusion massive dans les ETF (effet de levier boursier).
  • Faiblesses :
    • Valorisation spéculative (PE de 200).
    • Dépendance aux marchés internationaux (50 % hors USA).
    • Baisse des marges (-52 % de bénéfice en 2024).

2. BYD : La Machine Chinoise

  • Forces :
    • Autonomie industrielle (batteries, puces).
    • Coûts maîtrisés (prix 2 à 3 fois inférieurs à Tesla).
    • Croissance exponentielle (+72 % de bénéfice en 2023).
  • Faiblesses :
    • Dépendance au marché chinois (73 % des ventes).
    • Reconnaissance limitée en Occident.

Graphique 3 : Valorisation Boursière vs Performance

vente en violet / capitalisation en vert

Malgré des ventes 3 fois supérieures, BYD vaut 10 fois moins que Tesla en Bourse.

Perspectives Géopolitiques

  • Chine :
    • Soutien étatique à BYD (subventions, infrastructures).
    • Production massive d’ingénieurs (1 million/an).
  • États-Unis :
    • Restrictions commerciales (puce, IA).
    • Avantage culturel (Tesla comme symbole technologique).

Conclusion : Deux Modèles, Deux Paris

CritèreTeslaBYD
Potentiel Court TermeDépend de l’innovation (IA, robots)Croissance organique et prix bas
Risque MajeurSurévaluation boursièreTensions Chine-Occident
Atout CléRécit médiatique et ETFMarché domestique et coûts

Verdict de Thami Kabbaj :

  • BYD est un “value play” : fondamentaux solides, croissance organique, ancrage chinois.
  • Tesla est un “story stock” : valorisation repose sur des promesses futures (robotique, énergie).

Graphique 4 : Projections 2025-2030

BYD pourrait doubler son chiffre d’affaires d’ici 2030, Tesla devra concrétiser ses ambitions.

Références :

  • Données 2024 : China Passenger Car Association, Bloomberg, Reuters.
  • Analyse financière : Ratios PE/PS basés sur les rapports annuels Tesla et BYD.

Pour Hi-Labz InQubatorz, l’innovation ne se résume pas à la tech – elle se nourrit de données, de stratégie et de réalisme. 🚀

Comprendre les dynamiques économiques mondiales est essentiel pour accompagner les startups dans leur croissance. Cet exercice de retranscription analytique permet de décrypter les enjeux clés et de partager des insights précieux avec notre communauté.

Dites-moi si vous souhaitez approfondir un point ou ajouter des éléments ! 🚀